Perturbateurs endocriniens : comment ils impactent vos hormones et votre cycle
- Amélie Drot
- 1 sept.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 sept.

Les perturbateurs endocriniens sont des substances qui vont impacter le fonctionnement de notre corps en ciblant principalement le système endocrinien (le système hormonal). Ce système est composé de différentes glandes qui sécrètent des hormones (thyroïdes, ovaires, testicules, pancréas, hypophyse...). En interagissant avec le système hormonal, les perturbateurs endocriniens peuvent provoquer des conséquences néfastes sur la santé.
Ils sont présents dans notre vie quotidienne, que ce soit dans notre cuisine (ustensiles, boite de conservation en plastique...), les cosmétiques, les produits ménagers, mais aussi dans l'environnement avec une contamination des différents milieux comme la mer, les lacs... Ils sont nombreux et peuvent être d'origine chimiques ou synthétiques.
Il existe aussi des perturbateurs endocriniens naturels qui sont présents dans notre alimentation, mais nous ne les aborderons pas dans cet article.
Perturbateurs endocriniens : de quoi parle-t-on concrètement ?
Les phtalates
Ce sont des substances chimiques utilisées comme plastifiants : en clair, ils rendent les plastiques plus souples et plus faciles à travailler. On les retrouve dans :
les emballages alimentaires,
les jouets,
certains vernis à ongles ou parfums (où ils servent à fixer l’odeur).
Le souci : ils migrent facilement dans l’air, la poussière et même les aliments. Certains phtalates sont classés comme toxiques pour la reproduction et suspectés de favoriser des troubles hormonaux.
Les bisphénols (BPA, BPS, BPF…)
Les bisphénols servent à rendre le plastique rigide et transparent. Le plus connu est le bisphénol A (BPA), longtemps utilisé dans :
les biberons,
les boîtes de conserve (revêtement intérieur),
les tickets de caisse thermiques.
En France, le BPA est interdit dans tous les contenants alimentaires depuis 2015, car il a été associé à des troubles du développement, de la fertilité et à un risque accru pour certaines pathologies (endométriose, cancers hormonodépendants).
Mais attention : il a souvent été remplacé par des substances similaires comme le BPS ou BPF, dont on sait aujourd’hui qu’ils présentent… les mêmes risques potentiels.
Les parabènes
Tu les connais sûrement : ce sont des conservateurs utilisés dans les cosmétiques, les crèmes, les shampoings, mais aussi certains médicaments et aliments.
Ils empêchent la prolifération des bactéries et prolongent la durée de vie du produit.
Le problème : certains parabènes (comme le butylparabène ou le propylparabène) sont suspectés de perturber le système hormonal, notamment en imitant les œstrogènes. Certains ont déjà été interdits dans les produits destinés aux enfants.
Les retardateurs de flamme
Moins connus, mais omniprésents ! Ce sont des substances ajoutées pour ralentir la propagation d’un incendie. On les retrouve dans :
les meubles (canapés, matelas, mousses),
les textiles,
les appareils électroniques (ordinateurs, téléphones, TV…).
Le hic : ils s’accumulent dans la poussière domestique et sont suspectés d’être liés à des problèmes neurologiques, thyroïdiens et de fertilité.
Ces substances, bien que différentes, ont toutes un point commun : elles interagissent avec notre système hormonal et peuvent contribuer à l’émergence de pathologies chroniques. Voyons maintenant ce que dit la recherche sur leurs effets concrets.
Perturbateurs endocriniens et pathologies hormonales
Endométriose
Plusieurs études ont mis en évidence une corrélation entre l’exposition aux phtalates, aux dioxines et aux PFAS (polluants éternels) et un risque accru d’endométriose. Ces substances augmentent l’inflammation chronique et modifient l’expression des gènes liés à la régulation hormonale.
Une méta-analyse réalisée en 2019, regroupant 8 études, a mis en évidence une association entre l’endométriose et le MEHHP (un métabolite issu des phtalates). Même si le nombre limité d’études ne permet pas encore d’établir un lien de cause à effet certain, la proximité de ces substances avec le système hormonal renforce l’idée qu’il est préférable de limiter au maximum l’exposition aux phtalates
Une étude collaborative menée par l’INRAE (UMR-LABERCA), le CHU de Nantes et Oniris a mis en lumière un lien préoccupant entre l’exposition aux polluants organiques persistants (POPs) et l’endométriose.
Les POPs sont des substances chimiques très stables, utilisées massivement dans les années 60-70 (pesticides organochlorés, biphényls polychlorés…). Bien qu’interdits aujourd’hui, ils persistent dans l’environnement et s’accumulent dans les tissus gras des organismes vivants — y compris les nôtres.
L’étude a montré que les femmes exposées à des mélanges de polluants organiques persistants présentent un risque plus élevé d’endométriose. Ces substances semblent agir via des mécanismes inflammatoires déjà observés dans des modèles expérimentaux. Pour la première fois chez l’humain, des liens concrets ont été établis, confirmant que l’endométriose n’est pas uniquement hormonale mais aussi environnementale. Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles stratégies de prévention et de diagnostic, avec une grande étude en cours pour confirmer ces observations.
SOPK (syndrome des ovaires polykystiques)
Le SOPK est marqué par un déséquilibre hormonal, notamment une hyperandrogénie (surproduction d’androgènes).
Des perturbateurs comme le BPA (bisphénol A) ou certains phtalates peuvent agir comme des "mimétiques hormonaux", accentuant l’hyperandrogénie et la résistance à l’insuline.
Études : des niveaux plus élevés de BPA ont été retrouvés dans le sang de femmes avec SOPK, suggérant un rôle aggravant. Ces substances peuvent contribuer au cycle infernal inflammation/dérèglement hormonal.
Fertilité et troubles de la reproduction
Les perturbateurs endocriniens perturbent la maturation des ovocytes et la production de progestérone/œstrogène, impactant la fertilité féminine.
Chez les hommes, les phtalates et BPA diminuent la qualité et la quantité des spermatozoïdes. D’où la préoccupation croissante sur l’impact des plastiques et cosmétiques du quotidien sur la fertilité.
Une revue scientifique récente souligne que l’exposition aux perturbateurs endocriniens joue un rôle important dans la baisse de fertilité, aussi bien chez les femmes que chez les hommes, et ce constat est confirmé par de nombreuses études depuis plus de 20 ans. Les chercheurs insistent également sur un point préoccupant : l’exposition pendant la grossesse pourrait avoir des effets à long terme, non seulement sur l’enfant, mais aussi sur les générations suivantes. Autrement dit, notre environnement actuel peut influencer la santé reproductive future.
Ces constats peuvent sembler inquiétants, mais il existe heureusement des leviers concrets au quotidien pour réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens. C’est ce que nous allons explorer dans la suite de l’article.
Comment limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens ?
Dans l’alimentation
Privilégier le frais et le fait maison : éviter au maximum les plats industriels ultra-transformés (souvent riches en additifs et emballés en plastique).
Choisir le bio autant que possible, surtout pour les fruits et légumes très traités (pommes, fraises, raisins…).
Réduire les contenants plastiques : préférer le verre, l’inox ou la céramique pour conserver et réchauffer les aliments.
Éviter le micro-ondes avec du plastique (même “sans BPA”) : la chaleur augmente la migration chimique.
Limiter certains poissons (thon, espadon, saumon d’élevage…) car ils peuvent contenir des polluants organiques persistants (PCB, dioxines, mercure).
Dans les cosmétiques & produits d’hygiène
Lire les étiquettes et éviter les ingrédients à risque : parabènes, triclosan, ...
Opter pour des produits labellisés (Cosmos Organic, Slow Cosmétique, etc.).
Simplifier sa routine : moins de produits = moins d’exposition (huile végétale pure comme démaquillant, savon saponifié à froid…).
À la maison
Aérer son intérieur 10 min/jour pour réduire la concentration en composés organiques volatils (COV).
Limiter les bougies/parfums d’intérieur synthétiques, encens et sprays désodorisants.
Privilégier des produits ménagers simples : vinaigre blanc, savon noir, bicarbonate, plutôt que des détergents parfumés et agressifs.
Aspirer et dépoussiérer régulièrement : la poussière est un vecteur important de perturbateurs (issus des plastiques, meubles traités, textiles…).
Cas particuliers (grossesse, fertilité, enfants)
Éviter les biberons, tétines, jouets en plastique bas de gamme.
Choisir des couches lavables ou certifiées sans perturbateurs.
Limiter l’exposition aux cosmétiques parfumés pour bébés.
Astuce : Les applis comme Yuka, INCI Beauty permettent de scanner les produits alimentaires et cosmétiques pour identifier les perturbateurs endocriniens.
Conclusion
Les perturbateurs endocriniens sont invisibles mais bien présents dans notre quotidien, et leur impact sur l’équilibre hormonal, la fertilité et certaines pathologies comme l’endométriose ou le SOPK n’est plus à démontrer.
La bonne nouvelle, c’est qu’en modifiant quelques habitudes simples (dans notre alimentation, nos cosmétiques et notre environnement) il est tout à fait possible de réduire son exposition.
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